UN CAFE ET L'ADDITION

Publié le par ROBERT BRUCE ET SON ANE PLATON

4ième de couv '  Un Café et l'Addition

 

Arthus Golgotha est las. Il vient de boire "un infect café gloria couleur terre battue". dans quatre jours c'est Noël et ce matin il pleut. La tempête a bousculé sa nuit sous les draps d'une longue insomnie. Il vient de claquer à tout jamais la porte du Dommaine Le Centaure, sa riche demeure située dans une petite ville bourgeoise de l'Oise. Il n'a rien décidé, il l'a fait c'est tout. Le vent sûrement l'a aidé à pousser sa partance. De toute façon Pavarotti son canari et Emile son poisson rouge sont morts. Il laisse derrière lui son épouse et puis surtout cet homme détestable et vain qu'il est devenu : " Toutes mes rancoeurs secrètes accumulées depuis des mois contre mes proches m'envahissaient de la tête aux pieds. J'étais hideux, moche, ignoble..." Arthus Golgotha a découpé ses cartes de crédit. Le voilà pauvre, nu et dépouillé de toutes ses breloques d'hier. Il a choisi. Ainsi il marche vers la gare qui va l'entraîner dans les rues de la capitale où brutalement il passera du monde des inclus à celui des exclus. Et pendant quatre ans, il sera SDF...

 

"Un café et l'Addition" c'est une autofiction, une tranche de vie, authentique, celle de Robert Bruce qui se lit avec délectation et d'une seule traite comme un vrai roman. L'auteur s'y livre entièrement, sincèrement et l'on sent à travers ses lignes magnifiquement écrites une vraie volupté à témoigner authentiquement de ces années de rue. Déjà auteur de vingt-deux ouvrages, Robert Bruce signe là l'un de ses meilleurs écrits. 'Pendant sa période de grande précarité, il n'a cessé d'écrire et son premier livre Soleils date de cette époque). La langue y est belle, riche, poétique, surprenante, recherchée. Elle y est drôle aussi et pleine d'humour comme lorsqu'il décrit son père "excentrique aristocrate autrichien de vieille roche, immigré qui voulait devenir professeur de cirque à Paris, mais termina lutteur dans une baraque de foire ambulante payé au combat gagné, toujours fauché, bondissait entre les cordes d'un ring en se prenant pour Superman", espiègle enfin, coquine et parfois superbement sensuelle. Sa montée et descente en ascenseur avec Monia, son amoureuse, est d'un érotisme flamboyant !

 

De même que ce fameux jour de décembre où il s'est dépouillé de tous les ors de sa vie d'avant, Robert Bruce se dénude dans ses pages sans aucune fausse pudeur. Ce roman dégage une force, une vitalité qui ne lassent pas de vous tenir jusqu'au dernier mot. Mais au-delà du désir de se raconter, il y a surtout chez Robert Bruce la volonté de témoigner à travers le prisme de son vécu, de la condition matérielle et psychologique des SDF et du regard qu'ils portent sur la société.

 

"J'ai aussi rencontré un nombre impressionnant de solitudes urbaines et humaines. Ce sont ces histoires-là que j'ai écrites. Je n'ai pas changé. J'aime toujours Mozart, le Château Yquem et les amitiés d'hommes"

 

Cécile Delalandre

parolière, écrivain.

 

 

 

 

 

 

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