QUELQU'UN M'A ECRIT

Publié le par ROBERT BRUCE ET SON ANE PLATON

BRUCE-ET-HERMITAGE-2008-116-copie.jpgEcrire pour le partage, la lumière, pour semer les mots au-delà des sillons, essaimer aux vents d'Occident, d'Orient ou d'Autan, quel magnifique mouvement !

 

Vivre livre ou mourir ! Telle est ma devise. Lire et vivre comme on déguste en hiver une confiture faite avec amour des fruits de son jardin à la belle saison. A tout prendre, peut-être ne sais-je rien faire d'autre ou ne puis-je me résigner à la solitude ? Il me reste si peu de temps, et encore tant de choses à faire !

 

Par amour pour la plume, la matière et le poinçon, j'édite moi-même mes écrits, mais cela relève sans doute d'une autre histoire, d'une affligeante et inavouable petite vanité personnelle, d'une certaine concupiscence à saisir du bout des doigts mon ouvrage dans la bibliothèque, à le caresser de la paume de la main, car j'éprouve un intense plaisir sensuel à mettre mes textes en scène sur les meilleurs  papiers qui soient, fabriqués et surfacés selon le savoir-faire traditionnel des grands papetiers, ce qui donne à mes lecteurs, du moins je l'espère, le témoignage d'un haut degré de savoir-vivre.

 

Pourtant, ce qui me transcende le plus, c'est à n'en pas douter, les lettres de mes lecteurs. Elles sont si riches, si émouvantes, si supérieures à tout ce que j'écris, que je ne résiste pas à l'envie d'ouvrir une tribune reprenant les meilleurs extraits épistoliers de mon lectorat. N'y voyez aucun égo dissimulé de ma part, aucune auto-satisfaction personnelle, non, il n'y a rien de tout cela. Je suis simplement subjugué par certains écrits, et souhaite partager ces moments de pur bonheur avec l'ensemble de mes lecteurs.

 

En voici la première, qui vaut, c'est sûr, son pesant d'or.

 

Comme promis, je viens vous dire ce que je pense de vos livres (ici, je règle mes bretelles...) C'était à Auffay, un soir, il y a quelques semaines, à un marché artisanal ; vous étiez installé face à un marchand de confitures de toutes sortes, même à la courgette...ce qui a tenu le record de l'étrange jusqu'à ce que je vous tombe dessus. Les livres m'attirent... (Au fait, n'y changez rien, ils sont très mignons avec leurs aquarelles et attirent l'oeil...et quand l'oeil est attiré le reste suit ).

 

Je vous ai pris pour un marchand de livres....Alors que je furetais à votre étalage, vous vous êtes lancé dans une grande tirade, heureux de pouvoir parler à un lecteur après un si long silence, après quoi je vous confiai que j'étais sourd. Voyez la malchance ! On cherche son lectorat durant des semaines...le lectorat arrive, mais il est sourd !!! Comme vous avez dû être malheureux...et moi donc. Pas sur le moment, mais après... quand j'ai découvert qui vous êtes. Vous êtes un bien curieux bonhomme (avec le respect) un homme comme il n'y en a pas trois en Normandie ( je suis l'autre...).Ce sont vos livres qui vous ont révélés à moi. Je ne m'attendais pas à celà !  Je pensais trouver des N-èmes petits recueils de contes...c'est loin au-dessus. C'est quasi autobiographique en ce sens qu'i y a beaucoup de vous-même à l'intérieur, disséminé au fil des pages...des pensées, des observations, réflexions...des tournures inimitables qui font lâcher le livre pour se secouer d'un bon rire intérieur, un de ceux qui font tant de bien...Vous êtes une sacrée plume Monsieur Bruce, et je me trouve exactement sur la même ligne que vous...en parfaite identité de vues sur tant de choses que je n'hésite pas un instant à me bombarder du titre de "lecteur officiel de Robert Bruce" pour la Normandie. Je tiens à lire tous vos livres, même s'ils sont durs à lire. Oui car... toutes les deux phrases, mon esprit rencontrant le vôtre s'envole, suit son  idée (que vous avez fait naître)...je me replonge dans le livre (que je ne dévore pas, mais que je déguste en gourmet, à petite phrase.) et je m'évade encore sur l'une de vos réflexions personnelles...ce sont des livres qui font réfléchir, qui durent longtemps ( ils agissent comme des déclencheurs) et que j'aurai plaisir à relire, car l'intérêt est bien sûr dans la façon dont vous le racontez.

 

18 livres ? plus le petit dernier, j'ai vu cela... PDG puis SDF...! après le sommet le fond...vous êtes bien placé à présent pour savoir que le plus beau coup d'oeil sur la vie est à mi-pente, selon Nietzsche. Les philosophes chinois ne disent pas autre chose avec leur "voie du milieu". Bref, vous savez où est le bonheur, et moi je sais (en théorie) où sont vos livres. Je suis en Normandie, tout près d'Auffay, samedi prochain et pour 3 semaines d'affilée. Il faudra absolument que l'on se rencontre sur le pré à l'aube quelque part pour que je rentre à ...... muni de vos meilleurs livres. Lot par lot j'y arriverai....ce qui vous laisse le temps de les rassembler.   (j'ai déjà "Par Monts et par Caux" l'Allumeur de réverbères") Je tiens à lire "Soleils" et tout ce qui est plus ou moins autobiographique en priorité. S'il vous en manque, si tout est vendu, je louerai votre exemplaire personnel !...Je vous laisse ici....... le nr de portable de ma femme. Nous sommes antinomiques donc complémentaires dirons-nous. Vous...c'est mon rayon, pas le sien ; d'ailleurs c'est moi qui vous ai découvert ! (sous la casquette écossaise). Vous verrez comme c'est drôle un vrai dialogue de sourds...l'obstination vient à bout de tous les obstacles...Moi-même j'aurais pu être très malheureux si j'avais voulu.

 

Je veux vous tirer mon chapeau pour le chapitre 14 de l'Allumeur de Réverbères ! C'est ce qui vous fait grand. A partir de là on peut parler "vrai". Même s'il reste une part d'ombre, car on ne fait jamais le choix délibéré, par coup de tête, de passer du château à la rue...je n'y crois pas. Il y a forcément une part de contrainte...il y a eu du rififi, au au boulot. Ce qui ne regarde pas forcément tout le monde. Et une chose encore : vous dites que les visages humains se confessent plus sûrement que le mieux rédigé des C.V. ce qui est bien vrai souvent. Pourtant, je vous mets au défi de me dévisager pour essayer de trouver dans quel domaine j'ai exercé mes talents d'Achille ( les pauvres) alors que j'avais d'authentiques talents qui ne m'auront servi à rien dans ce monde. C'est une source perpétuelle d'interrogation pour moi. Je vis en autarcie artistique : pouvez-vous imaginer un homme dont la moitié du cerveau construit pendant la nuit de quoi réjouir l'autre moitié à son réveil ? Il se trouve que je suis cet homme...Je n'ai jamais rien compris à cette faculté sans destin....(il s'agit de création musicale) en dehors de toute volonté, en plein sommeil, qui fait de moi le premier auditeur d'une nouveauté que je suis obligé d'écrire pour ne point la perdre, un oeil ouvert l'autre endormi, en plein mitan de la nuit...le matin tout est effacé dans la tête mais l'écrit reste ! Je n'ai pas rêvé...ou alors dans un sens qu'il faufrait pénétrer avant de conclure à l'exactitude du terme. Ca dure depuis...le début de ma surdité...plus de vingt années. C'est Dieu qui m'envoie la mélodie ? Fort bien... Mais alors, pourquoi place-t-il des bâtons dans mes roues, au lieu de m'aider ??? Avez-vous une réponse ? Je  sais bien qu'un jour, j'aurai moi aussi le devoir de répondre à cette terrible question : Qu'as-tu fais de ton talent ?

 

 - Rien Seigneur, répondrai-je en tremblant, et, dans un hoquet, je rendrai mon talent sur le tapis du paradis. Intact. 

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R
<br /> J'ai relu cette lettre et corrigé : identité<br />
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